Jérémie
Introduction :
Seul – ou presque – contre tous, mais fidèle jusqu’au bout à la mission dont Dieu l’a chargé, tel apparaît le prophète Jérémie. Il est ainsi l’homme qui, bien avant l’apôtre Paul, a vécu de cette parole de Dieu: « Ma puissance manifeste pleinement ses effets quand tu es faible » (2 Cor 12.9).
Points de repère dans la vie de Jérémie :
Jeune encore, Jérémie devient porte-parole de Dieu à Jérusalem (Jér 1.4-9) – c’est vers l’année 626 avant J.-C., sous le règne de Josias (640-609) -. Il le restera pendant plus de quarante ans d’une période de plus en plus troublée.
La puissance assyrienne, qui dominait toute la région (voir les introductions à Osée, Amos, Ésaïe), commence à céder sous les assauts des Babyloniens. Josias en profite pour récupérer une partie de l’ancien royaume d’Israël. Mais en 609 il est tué à Méguiddo en voulant s’opposer à l’armée que l’Égypte envoyait au secours de l’Assyrie. Les Égyptiens emmènent son fils et successeur Challoum (ou Joachaz) et installent à sa place Joaquim. En 597 les Babyloniens de Nabucodonosor parviennent jusqu’à Jérusalem et déportent une partie de la population avec Joakin (ou Konia), qui vient de succéder à son père Joaquim. Ils mettent sur le trône de David Sédécias, roi faible et influençable, qui finira par se laisser entraîner dans la révolte contre ses maîtres babyloniens. La réaction est brutale: après un an de siège, les troupes de Nabucodonosor s’emparent de Jérusalem (juillet 587), capturent le roi Sédécias, incendient le temple et déportent la population active.
Après leur départ, Guedalia, le gouverneur installé par les vainqueurs, est assassiné. Les derniers rescapés de Juda se réfugient en Égypte, y entraînant de force le prophète Jérémie. C’est là-bas que celui-ci mourra.
Le prophète persécuté :
Comme les autres prophètes, Jérémie voit dans ces événements dramatiques autant d’avertissements que Dieu envoie à son peuple infidèle. Pour ce dernier, répète Jérémie, le seul moyen d’éviter le désastre est de revenir à Dieu: cesser d’intriguer avec l’Égypte et accepter l’épreuve de la domination babylonienne. Du coup Jérémie est accusé de trahison et persécuté, ce qu’il a d’autant plus de peine à supporter qu’il a pour son peuple une profonde tendresse. Il traverse ainsi la vie, déchiré entre le message de mort que Dieu lui impose de transmettre et l’amour qu’il garde pour son peuple en danger. C’est pourquoi il lui arrive de se plaindre à Dieu (11.18-12.6; 15.10-21; 17.14-18; 18.18-23; 20.7-18).
Mais, au-delà de la mort qu’il voit approcher pour le peuple infidèle, il entrevoit une sorte de résurrection, dans le cadre d’une « nouvelle alliance » avec Dieu (chap. 31). Il témoigne alors de sa confiance en la victoire de Dieu par un surprenant geste d’espoir (chap. 32).
La prédication du prophète :
On trouvera au début du chapitre 25 un résumé de la prédication de Jérémie. Les chapitres 2-24 ont recueilli en détail les messages du prophète, parfois illustrés de gestes symboliques: la ceinture pourrie (chap. 13), la visite au potier (chap. 18), la cruche brisée (chap. 19), etc.
Dans les chapitres 26-45 des récits, dont certains sont probablement dus à Baruch, secrétaire et ami de Jérémie, retracent tel ou tel épisode de la vie du prophète.
Les chapitres 46-51 regroupent les messages concernant les nations étrangères. Le chapitre 52 est un complément historique, relatant la prise et la ruine de Jérusalem. Il s’achève sur une note d’espoir: la grâce accordée au roi prisonnier Joakin.
C’est à Jérémie, messager fidèle et persécuté, que l’on songera plus tard à comparer Jésus (Matt 16.14). Mais surtout Jésus lui-même, à la veille de sa mort, partageant la Cène avec les siens, déclarera réalisée la “nouvelle alliance” annoncée par Jérémie (Luc 22.20; 1 Cor 11.25).
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